À propos

« Quand les bactéries font la loi » est un projet de recherche intersectoriel sur l’utilisation du microbiome humain dans les sciences forensiques. Celui-ci regroupe des chercheuse·eurs, expert·es et étudiant·es chercheuse·eurs spécialisée·es en sciences biologiques, sciences politique et juridiques, en philosophie, criminologie et en bioéthique. Il a été financé par le Fond de recherche du Québec (AUDACE, 2019-2022) avec le soutien de l’Université de Montréal (Montréal, Québec).

Présentation du projet de recherche

Le microbiome humain : un nouvel outil d’identification judiciaire


Au Québec, les corps de police et les tribunaux disposent actuellement de nombreuses ressources techniques qui visent à assurer la sécurité des personnes et leur accès à la justice (caméras de surveillance, écoute électronique, empreintes digitales, ADN). Le microbiome humain, c’est-à-dire la microflore de cellules bactériennes que les humains portent dans et sur leur corps, pourrait bientôt s’y ajouter. L’hypothèse soutenue par certains travaux scientifiques veut qu’à la manière de l’ADN le microbiome humain puisse permettre d’identifier ou d’exclure les individus impliqués dans des délits.

L’idée derrière cette hypothèse est que lorsque les gens touchent des objets, iels peuvent y laisser leur ADN. Il est aujourd’hui admis que les humains naissent avec environ 20 500 gènes et meurent avec plus de 1 000 000 gènes – soit, pour simplifier, des segments d’ADN. Or ce changement dans le nombre de gènes est dû à l’accumulation de microorganismes (« microbiome ») au cours de l’existence des êtres humains. Ainsi, étant donné le nombre beaucoup plus élevé de cellules bactériennes par rapport aux cellules humaines chez un individu, il est concevable que davantage de cellules bactériennes (et donc d’ADN bactérien) que de cellules humaines soient déposées sur les objets présents sur une scène de crime/délit. À supposer que cet ADN puisse permettre de déterminer l’identité des individus qui ont manipulé ces objets, le microbiome humain représenterait un outil novateur pour la résolution de causes criminelles ou civiles.

Le projet de recherche « Quand les bactéries font la loi » vient questionner cette hypothèse. En effet, comme pour les outils déjà employés par les corps de police et les tribunaux, l’admissibilité et l’acceptabilité sociale de la preuve microbienne reste fortement discutable. Celle-ci soulève un certain nombre de questions à l’interface des sciences biologiques, politique et juridique, de la philosophie et de la bioéthique. Ces questions, qui n’ont reçu que peu de réponses de la part de la communauté scientifique, sont abordées sous la forme de capsules vidéos thématiques. Celles-ci ont été réalisées à partir d’entretiens filmés avec des expert·es des domaines impliquées entre 2019 et 2021. Ceux-ci reflètent l’état de la recherche et des connaissances à cette période.

Les capsules thématiques issues de ce travail couvrent entre autres les questions suivantes :

  • Quelle est la fiabilité scientifique de ce type de preuve ?
  • Comment les corps policiers et les laboratoires forensiques devront-ils recueillir et conserver les traces et les échantillons bactériens?
  • Comment la preuve par microbiome devrait-elle être évaluée en cour de justice?
  • Quels risques cet outil pose-t-il aux libertés individuelles et à la vie privée?
  • Les informations fournies par le microbiome pourraient-elles renforcer les discriminations à l’égard de certains groupes sociaux ?

LISTE DES VIDÉOS